dimanche 28 septembre 2008

Suspense à Guayaquil !!!

28 septembre texte de Benoit Corboz
Fin de tournée en Amérique du sud.Je prends l'avion de Quayaquil Equateur, pour Genève via Madrid, seul.Les autres sont déjà partis par un autre vol tôt ce matin…Après avoir enregistré mes bagages, je vais boire un verre et manger une pâtisserie avec Adeline, notre accompagnatrice de l'allianceFrançaise locale. On papote, on prend notre temps, bien sympathique ma foi.Puis je vais acheter tranquillement quelques cadeaux pour la famille.Bref, tout cela prend du temps si bien que lorsque je quitte Adeline et franchis le portique des vols internationaux je me demande bien quelle heure il peut être et combien de temps il me reste avant l'embarquement.
La longue file d'attente des formalités douanières me fait perdre plus d'une demi-heure. Le douanier fait une drôle de tête mais me laisse passer.Je me présente ensuite au contrôle des bagages à main lorsque j'entends par les haut-parleurs de l'aéroport que je suis prié de me présenter promptement à la porte 6. Plus un instant à perdre !!!Je passe le contrôle. Pas de problème.Sauf qu'à la sortie il y a un petit douanier teigneux qui m'arrête et examine longuement mon passeport.
Il me demande quelque chose que je ne comprends pas lorsque j'entends une deuxième fois mon nom résonner dans les haut-parleurs. La tension monte.J'essaie naïvement de lui expliquer que je suis attendu. Pour toute réponse il me demande de le suivre.Il m'emmène de côté et commence à fouiller mon bagage à main.Après quoi il s'en va de longues minutes avec mes documents de voyage.Le temps passe. Je m'inquiète.Il revient et me demande de le suivre.Il m'emmène alors dans un local lugubre et désert et me demande d'attendre.Puis il s'en va.Je reste seul.
Le spectre de Midnight Express commence à poindre sournoisement..., l'idée du départ de mon avion sans moi aussi.Le douanier revient avec un autre type quelques minutes plus tard. Le type me demande de déposer mes affaires et de passer dans le local voisin.Il y a là une grosse machine composée de 2 gros blocs avec un tapis roulant au milieu. Je dois monter sur le tapis roulant, me positionner de profil et ne plus bouger. Les 2 types ferment la porte du local.Après quelques secondes le tapis se met en marche et fait plusieurs aller et retour, me faisant passer à chaque fois devant les 2 blocs.Bref, ils m'auscultent au rayon X pour savoir ce que j'ai dans les tripes... J'ai alors une pensée pleine de tendresse pour l'inventeur de cette machine extraordinaire qui à n'en pas douter m'a permis d'éviter un traitement bien plus indélicat.
Après quelques minutes de va-et-vient la machine s'arrête et mes deux types bredouilles reviennent me chercher.Je reprends mes affaires et mon douanier me demande de le suivre… Encore.Nous retournons dans la partie publique de l'aéroport. Je me demande si entre-temps je n'ai pas été appelé une 3ème fois par les haut-parleurs.
Je me fais sérieusement du souci pour mon vol.Le type m'amène à la porte 6, je me dis alors que tout va rentrer dans l'ordre. Il parle à l'hôtesse et lui donne mon ticket d'embarquement.La fille déchire mon ticket !!!Stupeur !
Puis elle dit quelques mots à son collègue.Là je ne comprends plus du tout ce qui se passe, le type tapote sur son ordinateur, et me tend un nouveau ticket d'embarquement, Buisiness-Class celui- là !!!Je me dis que ouf je vais pouvoir enfin prendre mon avion, que pour s'excuser ils m'offrent un petit cadeau de compensation, ou alors qu'ils m'ont fait perdre tellement de temps que je n'ai plus le temps d'embarquer en classe économique.La vérité est qu'ils n'ont pas fini de me faire perdre du temps...
Le douanier qui a toujours mon passeport en main me demande de le suivre.Il fait mine de m'emmener vers l'avion, puis, par une porte dérobée, me fait descendre des escaliers de service sinistres.Nous débouchons sur le tarmac, au pied de l'avion et marchons quelques dizaines de mètres.Je me retrouve face à une vingtaine de valises. Il me demande de lui désigner la mienne. Je regarde, elle n'y figure pas.Il me demande si je suis sûr, je vérifie, non, elle n'est pas là. Le douanier est extrêmement contrarié.Il réfléchit un moment puis me fait signe de le suivre.Nous allons vers un gros container que les bagagistes s'affairent à fermer hermétiquement Il leur demande de tout rouvrir, puis de ressortir chaque bagage jusqu'à ce que j'aperçoive ma valise. Les bagagistes obtempèrent sans sourciller. Après qu'ils ont vidé la moitié du container, ma valise apparaît.
Il la saisit, attend qu'un chien détecteur de produits soit passé à côté sans y prêter aucun intérêt et se dirige vers un comptoir, pose ma valise, l'ouvre et commence à la fouiller méthodiquement. Je le regarde et souris en coin lorsqu'il plonge à pleines mains et plein nez dans mon gros sac de linge sale, riche de 10 jours de tournée...Cet abruti s'y reprend à plusieurs fois. A croire que ça lui plaît.Je fais un peu moins le malin lorsqu'il ausculte circonspect mon petit compresseur. Après avoir savamment tourné tous les boutons de long en large (et massacré au passage mes réglages subtils), il se résigne, refait ma valise avec soin, me rend ENFIN mon passeport, me désigne un endroit sur le tarmac, me demande d'y rester et s'en va.
Je me retrouve en compagnie de 2 autres victimes du zèle policier local.Nous attendons encore plusieurs minutes puis un collègue vient nous chercher. Nous le suivons.
Malheureusement nous n'allons pas du tout dans la direction de l'avion. L'inquiétude m'envahit à nouveau. Nous franchissons escaliers corridors et dédales interminables pour nous retrouver à nouveau devant un contrôle de bagages à main.Personne ne m'attend cette fois-ci à la sortie du contrôle.Je me rends alors à la porte 6, où l'embarquement n'a d'ailleurs même pas commencé !!!Je n'y comprends rien.Je m'installe sur un fauteuil.Je revois mon douanier qui a encore le regard sur moi depuis le coin du hall.Je réalise que je ne serai tranquille qu'une fois dans l'avion.Je sors mon Iphone et commence à rédiger mes aventures. En ce moment je survole les Antilles, confortablement installé dans le plus confortable fauteuil d'avion qu'il m'ait été donné de fréquenter. Je viens de le programmer pour me faire un massage du dos, très relaxant je dois dire. Je crois que je l'ai bien mérité.Je vais profiter de cette petite merveille pour m'allonger complètement et faire un petit somme.
A bientôt

Benoît CORBOZ

jeudi 25 septembre 2008

Amerique du Sud

23 septembre, Guayaquil
Dans le parc qui jouxte l'hôtel, se prélassent des iguanes. Ils n'ont pas l'air perturbé par la ville. Ils trimbalent leurs millions d’années de vécu d’un pas désinvolte, comme s’ils s'apprêtaient à chasser ou à être chassés. Je sympathise rapidement avec l'un d'eux. Son nom est Paul, sa coiffure me rappelle vaguement les derniers punks que j'ai rencontré à Camdown Town lors le notre dernier concert à Londres.

24 Septembre 8h00
Paul, mon ami l'iguane a dormi au pied du lit. Non pas que je lui manque de respect, mais je n'arrivais pas à me concentrer sur mon livre et il avait tendance à défaire le lit avec ses pattes. J'avoue qu'il est un très bon compagnon. Ce matin, il est descendu me chercher un thé et quelques gâteaux dans la salle du petit déjeuner.

23h00.
Nous dormons à 3500 m, face au majestueux volcan le Cotopaxi qui culmine à 5800m. Laurent mon agent, et excellent tour manager, a eu la bonne idée de nous proposer cette balade et de loger dans un refuge où il avait séjourné l'an passé. J'ai donc pris une chambre double à Quito avec baignoire et j'ai laisse mon ami,
Paul l'Iguane, seul pendant 24h. J'espère que le personnel de l'hôtel lui vouera tout le respect que j'ai pour lui.La voûte céleste est magnifique. Nous touchons la voie lactée. Je dors malheureusement très mal, malgré le silence olympien de mes compagnons de chambre. L'altitude me donne un mal de tête que je réussi à combattre tant bien que mal, et puis je m'inquiète pour Paul.

25 Septembre 5HOO
Nous sortons du refuge avec Marc, afin de profiter de l'aube. Seuls les coqs s'agitent à cette heure ci. Le volcan se dresse tel un dieu mystérieux et majestueux. Le soleil éclaire les hauts plateaux. Les chevaux, les vaches, les lamas se réveillent.En fin de matinée, nous redescendons en ville, debout à l'arrière d'un pick up. Marc, Laurent et moi-même profitons de ces instants de magie. Paul l'iguane m'accueille à bras ou plutôt à pattes ouvertes dirais-je. Nous allons nous sustenter dans un restaurant proche de l'hôtel. Je rappelle mon ami à l'ordre, il se promène, accroché au plafond de la salle de restaurant et cela attire les regards.

20h30 Quenca
Le théâtre est bondé. Le groupe joue merveilleusement bien. Le public joue merveilleusement bien. La magie du jeu des miroirs nous enveloppe et nous vivons une soirée exceptionnelle.Nous jouons dans le théâtre de la ville. Sa blancheur n'a d'égal que la bêtise d'un fonctionnaire qui n'a de cesse de parler dans son talkie walkie durant tout le concert. Le public est magnifique et nous donnons ce que nous recevons.Pour le rappel, Paul et Laurent tentent de stopper le fonctionnaire qui souhaite allumer la salle afin de rentrer plus vite chez lui. Tentative réussie si ce n'est qu'il allume la salle après le premier titre du rappel ! A la sortie de scène, Marcello lui fait avaler son talkie walkie. A présent nous devons appeler les urgences ...


26 septembre Guayaquil
La route qui relie Quenca à Guayaquil est escarpée. Nous passons un col à 4000m. Le paysage est encore somptueux. De retour à Guayaquil, nous décidons de concert, avec Paul l'iguane, de nous séparer. Je le raccompagne au parc où il rejoint ses comparses qui débutent la nuit allongés sur les branches d'un arbre exotique. Nous sommes un peu tristes mais que ferait-il dans ce monde étriqué que nous prépare la droite européenne.Je quitte le parc et m'enfonce dans la moiteur de cette dernière nuit passée en Equateur.

dimanche 14 septembre 2008

Bogota et Medelin

10 septembre

Le voyage fut assez court, 11 heures ! J'aime m'installer dans ces longueurs: lire, écrire, réfléchir. Je vis les transports comme des lieux de éditation, lorsque mon corps ne me rappelle pas l'absurdité d'être pendu dans le ciel dans un morceau de métal.
L'arrivée à Bogota est nuageuse. La ville se perd dans ses collines. Le soir nous transportons notre décalage dans la vieille ville, charmante malgré le froid saisissant. Quelques regards trahissent une consommation de farine qui est somme toute assez éloignée de celle que l'on utilise pour la pâtisserie.
Laurent et moi rejoignons rapidement le reste du band. Nous avons la conscience que notre vie dans ces rues est assez relative. Ceci dit, j'ai eu le même sentiment en arpentant les couloirs du métro parisien après minuit dans le quartier des Halles il y a quelques jours. Remercions l'insécurité qui nous permet de mesurer notre petitesse dans ce vaste monde.
Une chanteuse Française nous invite à dîner dans un club de Jazz. Un merveilleux mélange de drum and bass, free et chant blues réunit les musiciens. Joyeux bordel.
Le lieu est bruyant, enfumé, mais les gens qui nous accueillent dégagent une telle humanité que c'est un bonheur de se faire fumer tel un morceau de lard que l'on préparerait pour le saloir à l'entrée de l'hiver dans la campagne française il y a 50 ans.
Je me couche après quelques lignes de Dumas.

11 Septembre, Bogota

Le public est ravi. La sono déconne complètement. Je joue dans un espace ou je peux éviter d'entendre mes retours de scène, qui craquent, grésillent...Je suis surpris, le théâtre est plein et nous recevons une standing ovation de 1000 personnes...

12 septembre

Je me demande ce qui pousse l'esthétique militaire a mettre des tenues de camouflage en pleine ville. Je leur conseillerais du gris, voir du rouge lorsque les maisons sont en brique.
Je me demande d'ailleurs ce qu'ils font tous là, accrochés à leur mitraillette tels des enfants dans une cour de récréation qui auraient mal tourné.
Les filles, elles sont dans des habits si moulant que je crains une explosion de tissus, certaines sont charmantes, d'autre nous font découvrir leurs défauts au travers d'une mode inventée pour les mannequins...
La nature est belle, elle me fait penser aux peintures du Douanier Rousseau, explosion de verts et de lumière. Nous survolons actuellement une des trois cordillères qui traversent la Colombie. Je rêve d'habiter danss une de ces fermettes et de m'occuper de ma plantation de café, bien sûr...

13 Septembre Medelin

Je suis étonné, voir effrayé, lorsque j'entends que l'on essaie de forcer ma porte dans la nuit. La petite ville de Manizales m'inspirait confiance, l'hôtel aussi d'ailleurs.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai croisé au petit matin Marc dans l'ascenseur et qu'il m'a demandé si j'avais vu moi aussi les miroirs de la chambre bouger.
Marcello me confirme que nous avons vécu un tremblement de terre de force 5,2.
La nuit porte conseil.
La ville est tapie dans une cuvette. La nature est splendide, riche. Je pense n'avoir jamais rencontré une telle diversité de plantes.
Ici, c'est la silicone vallée. Une jeune femme sur deux se fait refaire les seins, et la chirurgie esthétique bat son plein. Les seigneurs de la drogue sont disséminés en centaines de petits gangs. Malgré ceci la ville affiche un visage très optimiste .
Nous vivons un concert merveilleux. Le public colombien connaît notre musique et le groupe joue de mieux en mieux.

mardi 9 septembre 2008

Concert avec Pierre Henry

9 septembre 2008, Pierre Henry / Erik Truffaz

La journée est assez avancée lorsque nous arrivons dans la salle de la cité de la musique de la Villette à Paris.
Pierre peaufine le son, absorbé par les boutons de sa table de mixage. J'ose murmurer quelques mots à Bernadette son assistante. Un homme en prend ombrage et je bas en retraite sur scène afin de monter mon matériel. Assisté par Laurent, compagnon et fidèle mousquetaire d'Amg.
Nous jouons une oeuvre emblématique du répertoire de Pierre Henry.
Concerto pour portes et soupirs, créée en 1962 pour Maurice Béjart et son pas de 2, Maurice Béjart qui finalement improvisera dessus.
Je connais cette oeuvre pour l'avoir écoutée adolescent entre Pink Floyd, Kraftwerk et Klaus Schulze.
Les portes grincent, s'étirent, se combattent tour à tour. Je me glisse à l'intérieur du son et dialogue. Pierre trouve mon son trop dur. Etienne, l'ingénieur, ajoute un compresseur. Le résultat est satisfaisant.

10 septembre 2008 14h
J'écoute la fluidité d'un larsen, extrait de Voyage de Pierre Henry. La pièce est dure à jouer. Il aimerait en faire un rappel. Je ne suis pas partant et je lui propose, Psyche Rock, extrait de messe pour le temps présent. Pierre n'est pas très enthousiaste voir vraiment opposé. Nous décidons d'aborder Divinité paisible, pièce extrait de Voyage, composition de 1963.
20h15,
Le maître entre dans la salle et déclenche des salves d'applaudissements, je monte sur scène prêt à plonger dans cet univers que je triture depuis des mois.
La lumière de la salle reste allumée. Je suis là, face à mille personnes, essayant de trouver mon centre de gravité afin de ne pas perdre ma concentration.
Enfin le technicien a réussi à trouver le bon bouton ...
Je suis attentivement ma partition. Je joue de concert avec les portes, les cloches. Pur bonheur...
Nous terminons avec Divinité paisible, une pièce qui induit un peu de concept modal...
Le concert est déjà fini. Il est temps de préparer les valises pour Bogota.

vendredi 20 juin 2008

Concerts in China

26 May 2008

The arrival in Beijing is disappointing, the sun can hardly go through the continuous pollution. Where are the bikes, the narrow streets, the atmospheres of the wonderful book by Lao She ("Four Generations Under One Roof")? Quite luckily, my hotel room is a wonder, I take a shower, I listen to Björk's latest album at full volume and dance.


27 May 2008

Xia Jia is an amazing pianist, a very good composer. I rehearse with his band, I then discover a few streets which have not been laminated by progress, but where are the chinese people? And how clean are the streets, what a conception of urban design: I feel like I am in Austria.


28 May 2008

We play in one of the rooms of the Forbidden City, the venue is located in an huge park, some trees are several hundred years' old, the atmosphere is unbelievable, I feel like arriving in China, finally in a place that has not been struck down by the destructive roadroller of progress... I first play with Xia Jia a very acoustic and free music, I'm happy, the Quartet plays right after. The audience of about 1,000 people is slightly diffident at the beginning of the concert, but, as the machine warms up, I feel the reactions grow and we end up with a standing ovation and an abundant encore... We end up that night by testing delicious meals...


May 29th - Shangai

We dine before the concert with the boss of the club, some people of the French Consulate and a rather peculiar sculptor-engraver : after some polite exchanges, the guy starts conversation on a very dynamic way. I ask him if he works at the Consulate, he asks me who I am and very rapidely pronounces the following memorable sentence : YOUNG MAN, YOUR FLEXIBILITY EQUALS YOUR INTELLECTUAL SUFFICIENCY, This rather cuts my breathe and I prefer not to continue the dialogue in this way, on one hand because I did not take the same medecine and otherwise because I prefer to devote my energy to other things ...

22h The public waits in front of the club, Salvatore tries to resolve thousands of problems that characterize the soundsystem of the club (it will often by that case).At last we play, we are like mirrors and receive really well the electric energy of 400 people cramped together in this rather small place, 2h30 of punk jazz, happiness ....


May 31st - Canton

Concert in the campus of the university in the hall of the conservatorium, thousands of sounds, I regret that I can not record ...The concerts in the universities are always source of happiness what is confirmed very quickly. June 1stI observe from the 16th floor of my hotel the 25 m2 of slums resisting to the attack of the bulldozer of the so-called progress. I love Canton, it's wet here, I feel the jungle, the clamminess of the writings of Kessel, the vegetation overflows and attacks the façades, the vendors of drugs stroll around in the streets with an air of unhealthy complicity. China is definitely there, it is swarming, the population is very cosmopolitan, it makes me think of New York. I think about Hong Kong only a couple of hours by train away. I think about the grandeur of this insusceptible world, the richness of the present moment. It's time to go out ...

Concerts en Chine











26 Mai 2008
L'arrivée à Pekin est décevante, le soleil peine à traverser une pollution constante. Où sont les vélos, les petites rues, les ambiances du merveilleux livre de Lao She ("Quatre générations sous un même toit")? Bien heureusement, ma chambre d'hôtel est une merveille, je prends une douche, j'écoute le dernier Björk à plein volume et danse.

27 Mai 2008
Xia Jia est un merveilleux pianiste, très bon compositeur. Je répète, avec son groupe, je découvre ensuite quelques brins de rue non laminée par le progrès, mais où sont les chinois ? Et quelle propreté, quelle conception de l'agencement urbain: j'ai le sentiment d'être en Autriche.

28 Mai 2008
Nous jouons dans une des salles de la cité interdite, la salle se situe dans un immense parc, les arbres ont parfois plusieurs centaines d'années, il règne une ambiance incroyable, j'ai le sentiment d'arriver en Chine, enfin un lieux qui n'a pas eté détruit par le rouleau compresseur du progrès...Je joue en première partie avec Xia Jia, une musique très acoustique et très libre, bonheur, nous enchaînons avec le quartet.Le public, composé de 1000 personnes, est un peu réservé au début du concert, puis au fur et à mesure que la machine s'échauffe, je sens les réactions s'amplifier et nous finissons avec une standing ovation et un rappel fourni...Nous terminons la nuit en goûtant des mets délicieux...

29 mai - Shangai
Nous dînons avant le concert avec le boss du club, quelques personnes du consulat Français et un sculpteur-graveur très particulier : en effet après quelques échanges de politesse, l'homme enchaîne sur un ton assez dynamique. Je lui demande s'il travaille au consulat, il me demande qui je suis, et enchaîne rapidement sur cette phrase mémorable :JEUNE HOMME, VOTRE SOUPLESSE N'A D'EGALE QUE VOTRE SUFFISANCE INTELLECTUELLE,Je suis assez soufflé et préfère ne pas développer le dialogue sur ce ton, d'une part je n'ai pas pris les mêmes médicaments et la même dose d'alcool, d'autre part je préfère passer mon énergie ailleurs ...
22h Le public attend devant le club, Salvatore tente de résoudre les milles problèmes qui caractérisent le systeme de son du club (cela sera souvent le cas).Enfin nous jouons, nous sommes des miroirs et captons très bien l'énergie électrique des 400 personnes entassées dans ce lieux relativement étroit, 2h30 de punk jazz, bonheur ......

31 mai - Canton
Concert dans le campus de l'université dans la salle du conservatoire, des milliers de sons, je regrette de ne pouvoir enregistrer....Les concerts dans les universités sont toujours source de bonheur, et cela se confirme rapidement.1er JuinDu 16ème étage de mon hotel j'observe les 25m2 de bidonville qui résistent à l'assaut du bulldozer du soi-disant progrès. J'aime Canton, il y fait humide, je sens la jungle, la moiteur des écrits de Kessel, les plantes débordent et attaquent les façades, les vendeurs de drogue arpentent les rues avec un air de complicité malsaine. La Chine est bel et bien là, ça grouille, la population est très cosmopolite, je pense à New York, je pense à Hong Kong à quelques heures de train.Je pense à la grandeur de ce monde insaisissable, la richesse du temps présent.Il est temps de sortir .....

mardi 22 janvier 2008

Voyage en Inde

12 décembre 2007
Après un vol de 4 heures via Puney nous arrivons à Kolkhota. Je suis rapidement écoeuré par la mauvaise odeur qui caractérise la circulation dans la ville. J'ai à nouveau le sentiment d'être enfermé dans un garage où l'on fait des tests de pots d'échappement. Je suis triste et deçu de ne pas pouvoir fuir, en effet nous enregistrons le 14 décembre.

13 décembre
La ville se repose, nous découvrons des rues incroyables. Avec Malcolm, nous marchons dans des minuscules ruelles, on ne prête guère attention à notre apparence européenne, nous dégustons des thés, des gâteaux secs, je joue au flipper avec un flipper de fortune installé sur le trottoir. Kolkhota n'est pas que pollution, c'est aussi une ville qui a beaucoup de charme .... En fin de journée nous allons au cinéma, j'apprécie l'investissement de la salle qui commente et réagit aux actions les plus fortes. La nuit, la pénombre envahit les petites rues, quel luxe de ne pas être aveuglé par les lumières de l'Occident, j'ai encore en souvenir les pannes de lumière de Varanassi, les marches dans le noir sur les ghattes, le mystère de la vie nocturne. 14 décembreJe vais boire un thé et me laisse surprendre par la couleur et la forme parfaite de l'étron qui sort du fondement d'un homme allongé sur le trottoir, dans une position d'acrobate, il évite de se souiller le pantalon ... Ceci est presque un affront pour un freluquet occidental qui affronte régulièrement des problèmes de constipation. Décidément, L'Inde est un pays qui met en valeur les paradoxes de l'être humain ...

9 janvier 2008 Hyderabad
Le ciel bleu éclaire cette ville blanche, nous arrivons chargé d'espoir pour ce premier concert du projet indien ... Après Kolkhota j'ai le sentiment d'être en Europe, les voitures sont plus récentes, nous pouvons discerner la couleur du ciel et respirer sans avoir le sentiment que notre gorge est une extension d'un pot d'échappement ... le blanc des façades aime la lumière et je me réjouis de découvrir cette ville au caractère arabe. La réalité humaine rattrape vite le rêve lorsque notre chauffeur stoppe brusquement pour ne pas emboutir une voiture qui est en travers de la route, il baisse sa glace, et notre fou du volant sort de sa voiture, un grand classique finalement qui dépasse largement l'Inde. Son regard est halluciné, il hurle sur notre chauffeur et l'on pressent la bagarre, je me demande quel type de drogue il a pris, ce n'est en tout cas pas une drogue qui apaise et calme les passions. Malcolm tente de calmer le jeu avec des Om Shanckti, il ne parvient qu'à s'attirer les foudres de notre halluciné qui finalement remonte dans sa voiture le regard encore plus fou qu'auparavant, la connerie n'a décidément pas de frontières. Nous prenons possession de nos chambres, l'hôtel est luxueux et j'ai la mauvaise impression de quitter l'Inde, le luxe et le confort ont la faculté de gommer les aspérités, les odeurs, la vie et cela me confirme une fois de plus que le luxe, ce n'est pas le marbre, mais la richesse humaine, la vie, observer les gens qui se baignent dans le Gange dans un petit hôtel à Varanassi, prendre un thé avec un baba sur les ghattes, remonter le temps dans ce pays qui n'a pas d'âge, les taxis klaxonnent régulièrement des charrettes à bras, tirés par des hommes tel que l'on devait le faire il y a des millénaires, des hommes et des femmes lavent leur linge à la main près d'un internet-café, tandis qu'un cordonnier répare des chaussures à même le trottoir, un barbier rase un homme, un vendeur de cacahuètes marche avec une charge énorme sur sa tête, les femmes sont dignes et colorées, que d'imagination dans les couleurs, les femmes sont les peintres de l'Inde. Comble des hôtels de luxe : on ne peut pas ouvrir les fenêtres, pris dans une cage de verre, je fais partie des maîtres du monde, youpi ... vive les aquariums .... Le concert se déroule dans les jardins de l'hôtel, le soudcheck est fellinien : en effet un employé est chargé d'éloigner les invasions de moustiques à l'aide d'un tuyau qui crache une fumée énorme, le tout propulsé par un moteur dont le bruit est comparable a une tronçonneuse au sommet de sa rentabilité, de surcroît nous essuyons des problèmes de larsens constants et le piano est désaccordé, je regrette amèrement la présence de notre ingénieur du son Salvadore Dardano. Malgré ceci nous donnons notre premier concert du projet indien avec un grand succès et une très bonne vibration. Indrani chante merveilleusement bien et Apurba est un tablaiste hors pair. Quant à Malcolm il se moque du support sonore et il est prêt à détruire le peu de piano qui reste si la musique le demande.

10 janvier
En visitant cette ville, je prends conscience de la finesse de l'architecture arabe, les palais, les portes de la ville sont somptueuses, Octavio Paz dirait : "un incendie de lumière" ....

11 janvier Puney
Deuxième concert dans ce très bel endroit, le Schicha Café. J'ai le sentiment d'être à Istanbul, des tapis décorent le toit en Bambou, le lieu est vaste et tout comme à Istanbul le public parle pendant le concert, on peut sentir cette douce odeur de tabac à l'orange, ce qui ne nous facilite pas la tâche puisqu il n'y a qu'un clavinova et que le son n'est pas aisé. Cependant, dès le 2ème concert nous nous moquons de cette situation sonore on s'habitue à tout finalement) et nous malaxons et modelons cette musique à notre convenance et c'est un beau voyage. Il est temps que j'aille manger une banane, à très bientôt ...

19 janvier
L' enregistrement à Kolkhota fut laborieux, en effet l'ingénieur du son , par ailleurs très sympathique, était rapidement débordé. Le piano sonnait comme un vieux piano qui conviendrait plus à une interprétation de la musique de Monk qu'à la musique que nous avons trouvée. Malcolm a réussi à tirer des merveilles de ce piano de bar et Indrani a sublimé ces séances avec sa voix incroyable ...

21 janvier
Nous revenons des Sunderbans, le pays des tigres où les femmes s'habillent de noir car elles ne sont jamais sur de retrouver leur mari pêcheur ou apiculteur en fin de journée, en effet 372 tigres rodent et dégustent 3 hommes par mois en moyenne. En marchant sur les sentiers bucoliques du parc, nous croisons 2 pythons de 2 m de longueur minimum et d'un diamètre qui ferait pâlir tous les serpents européens .... Les habitations sont magnifiques, en terre lisse avec des cours intérieurs très entretenus, malheureusement Boto, notre chauffeur, est effrayé par ce monde mystérieux et il refuse tout contacte avec les habitants, ce qui a tendance à m'irriter. Le soir la nuit tombe assez rapidement, on s’éclaire à la bougie, on cuit sa nourriture au feu de bois et nous devons rebrousser chemin car il n y a pas d'hôtel .... Ce soir nous jouons dans une galerie d'art, très belle, acarprackar.com, et les peintures exposées me plaisent beaucoup. Bien sur l'accordeur arrive au moment du sound check, une vieille habitude qu'il a contracté lorsque nous étions en studio il y a quelques jours...

LES PHOTOS DE L'ENREGISTREMENT