vendredi 2 octobre 2009

Amérique centrale Septembre 2009

19 Septembre 2009 Concert Lunario, Mexico City
Dès les premières minutes de concert les fans de Murcof se singularisent, un homme au fond de la salle crie viva Tijuana, Bajo California, Toca Ulysse... L'attention, la réaction du public est immédiate, 500 paires d'oreilles à l'affut d'une aventure sonore.
Je suis dans mes petits souliers, 1er concert en duo, j'ai le sentiment que toute faute de goût sera rapidement décelée et sanctionnée, et je n'aimerais pas finir en tacos.
Belle ovation, grand succès, nous rejoignons la loge, les bouteilles de Tequila, Tania et ses amies.
Sur le mur un poster des Beatles, grand format, jeunes, espiègles, se battant à coups de polochons dans une chambre d'hôtel. Je suis impressionné par la tenue impeccable de la robe de chambre de McCartney. C'est une excellente idée ce poster des Beatles dans les loges, de quoi relativiser l'égo parfois démesuré de certains artistes.

20 Septembre, Gare routière de Mexico
Une grande et sublime mexicaine rousse aux yeux en amande, embrasse avec passion son jeune amour en tenue militaire. Des indiennes burinées arrivent et partent pour des destinations inconnues. Les noms des destinations jouent avec nos fantasmes.
Il y quelques années j'étais dans cette gare, embarquant pour Acapulco, une des villes qui a soigneusement choisi son nom.
Le soleil est là enfin, inondant de lumière la campagne.
Le bus est insupportable. Toutes les les 3 mn une TV joue un film affligeant. Il est difficile de ne pas être nostalgique. Il y a quelques années les chauffeurs et passagers écoutaient de la Salsa sur des radios de fortune. J'ai encore une cassette achetée à un chauffeur en arrivant à Mexico.
La dictature communiste est bel et bien éradiquée. Une autre dictature continue allégrement de se développer, la diffusion d'une sous culture, sonore, visuelle, amplement alimentée par une impitoyable mondialisation. Lutter contre la bêtise devient un sport, exténuant et quotidien.

21 Septembre, Panama Airport, 18h
Moiteur immédiate, panneaux publicitaires immenses et suspendus dans le ciel sans vergogne. Encore un coup de Dieu.


Canal de Panama, 23 h
Les bateaux énormes de provenances diverses. Un yacht blanc attire l'attention. Il incarne à lui seul toute la misère du monde. Un américain a remonté les 18 km du canal à la nage, payant tout de même sa taxe de 75 cents pour ses 75 kg. Les paquebots payent des fortunes, l'argent est réinvesti dans la ville, principalement dans les quartiers aisés.La campagne peut continuer à caqueter.

22 septembre
Une pluie régulière et fine enveloppe la forêt de buildings. La mousse verte qui recouvre le parking en dessous de l'hôtel est un signe évident, la forêt est prête a reprendre ses droits. La ville n'est qu'une anomalie dans ce monde végétal qui sépare le Panama de la Colombie. Cette jungle est infestée de militaires colombiens, américains, de Farcs et de trafiquants en tous genres. Il arrive que des militaires américains soient largués en pleine jungle pour des exercices de résistance. Ce sont de redoutables prédateurs et gare à celui qui a la malchance de tomber sur une de ces troupes de Rambo.
Un sèche linge,
Une cuisinière,
Une roue de vélo pendent à un arbre comme abandonnés à un vaste projet de rouille

Un oiseau plane au dessus de Panama
Un battement d ailes face à la misère.
La misère face à un battement d ailes.

Le palais du président surplombe le quartier de la prostitution,

L abandon, la pauvreté au coin de chaque rue.
Vision insultante et réaliste.

Panama, paradis fiscal !

23 Septembre Panama, 14h
Le jeune taxi, visage dur et fermé, tenue sportive aux couleurs criardes. Il conduit imprudemment tout en caressant de la main droite 2 crucifix pendus à son rétroviseur. Je l'aurais préféré athée et prudent.

24h
La douche sans pommeau, en prise directe avec le ciel.
Cinq cents morts par mois.
New York est battu à plate couture.
Les jeunes voyous appartiennent à des gangs et se tatouent des pieds à la tête, garçons et filles.
14000 âmes à la dérive. L'entrée dans le clan est validée après l'épreuve du meurtre. On tue une personne au hasard.
On découpe les corps avec méthode, faisant ainsi référence aux anciens chefs indiens qui enfilaient à même leur corps la peau de leurs ennemis.
Les jeunes s'entretuent alors que 14 familles détiennent la richesse du pays et se vautrent dans des paradis fiscaux.
La loi de la jungle profite aux riches. Ici on ne paie pas d'impôt.
Une amnistie générale et un système d'éducation efficace serait source d'espoir.
Serge, le sympathique directeur de l'alliance française a connu le journaliste espagnol qui vient de se faire tuer après avoir filmé le quotidien des voyous.
Nous avons regardé son film déjà en vente dans la rue pour 1 dollar, puis nous sommes allés nous coucher une boule dans le ventre.
Se sentant menacée, une partie de l'équipe du film est partie se cacher en France. Je ne serais pas surpris que le gouvernement Français les renvoie à la case départ.

20h45
Le concert après un déluge de pluie.
Le ciel se libère de son trop plein d eau.
Magnifique écoute devant un public issu de la classe moyenne, rescapé d'un système social impitoyable.

Voyage San Salvador Guatemala City 30 sept 09
Le sourire des indiennes entassées dans une camionnette de fortune,doux présage matinal.Des écolières en costume d'école,toutes de blanc vêtu, debout,à l'arrière d'un pick up,roulent vers un probable futur.La nature verte, vaguement cultivée, sort de son bain de vapeur.Un homme, casquette rouge, marche le long de la route,un fagot de bois sur le dos.Au carrefour, un vendeur de bancs fraîchement construits.La frontière et son lot de trafiquants en tous genres.Les douaniers, impitoyables corbeaux, tout de noir vêtus.
Improbable futur.

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