dimanche 28 septembre 2008

Suspense à Guayaquil !!!

28 septembre texte de Benoit Corboz
Fin de tournée en Amérique du sud.Je prends l'avion de Quayaquil Equateur, pour Genève via Madrid, seul.Les autres sont déjà partis par un autre vol tôt ce matin…Après avoir enregistré mes bagages, je vais boire un verre et manger une pâtisserie avec Adeline, notre accompagnatrice de l'allianceFrançaise locale. On papote, on prend notre temps, bien sympathique ma foi.Puis je vais acheter tranquillement quelques cadeaux pour la famille.Bref, tout cela prend du temps si bien que lorsque je quitte Adeline et franchis le portique des vols internationaux je me demande bien quelle heure il peut être et combien de temps il me reste avant l'embarquement.
La longue file d'attente des formalités douanières me fait perdre plus d'une demi-heure. Le douanier fait une drôle de tête mais me laisse passer.Je me présente ensuite au contrôle des bagages à main lorsque j'entends par les haut-parleurs de l'aéroport que je suis prié de me présenter promptement à la porte 6. Plus un instant à perdre !!!Je passe le contrôle. Pas de problème.Sauf qu'à la sortie il y a un petit douanier teigneux qui m'arrête et examine longuement mon passeport.
Il me demande quelque chose que je ne comprends pas lorsque j'entends une deuxième fois mon nom résonner dans les haut-parleurs. La tension monte.J'essaie naïvement de lui expliquer que je suis attendu. Pour toute réponse il me demande de le suivre.Il m'emmène de côté et commence à fouiller mon bagage à main.Après quoi il s'en va de longues minutes avec mes documents de voyage.Le temps passe. Je m'inquiète.Il revient et me demande de le suivre.Il m'emmène alors dans un local lugubre et désert et me demande d'attendre.Puis il s'en va.Je reste seul.
Le spectre de Midnight Express commence à poindre sournoisement..., l'idée du départ de mon avion sans moi aussi.Le douanier revient avec un autre type quelques minutes plus tard. Le type me demande de déposer mes affaires et de passer dans le local voisin.Il y a là une grosse machine composée de 2 gros blocs avec un tapis roulant au milieu. Je dois monter sur le tapis roulant, me positionner de profil et ne plus bouger. Les 2 types ferment la porte du local.Après quelques secondes le tapis se met en marche et fait plusieurs aller et retour, me faisant passer à chaque fois devant les 2 blocs.Bref, ils m'auscultent au rayon X pour savoir ce que j'ai dans les tripes... J'ai alors une pensée pleine de tendresse pour l'inventeur de cette machine extraordinaire qui à n'en pas douter m'a permis d'éviter un traitement bien plus indélicat.
Après quelques minutes de va-et-vient la machine s'arrête et mes deux types bredouilles reviennent me chercher.Je reprends mes affaires et mon douanier me demande de le suivre… Encore.Nous retournons dans la partie publique de l'aéroport. Je me demande si entre-temps je n'ai pas été appelé une 3ème fois par les haut-parleurs.
Je me fais sérieusement du souci pour mon vol.Le type m'amène à la porte 6, je me dis alors que tout va rentrer dans l'ordre. Il parle à l'hôtesse et lui donne mon ticket d'embarquement.La fille déchire mon ticket !!!Stupeur !
Puis elle dit quelques mots à son collègue.Là je ne comprends plus du tout ce qui se passe, le type tapote sur son ordinateur, et me tend un nouveau ticket d'embarquement, Buisiness-Class celui- là !!!Je me dis que ouf je vais pouvoir enfin prendre mon avion, que pour s'excuser ils m'offrent un petit cadeau de compensation, ou alors qu'ils m'ont fait perdre tellement de temps que je n'ai plus le temps d'embarquer en classe économique.La vérité est qu'ils n'ont pas fini de me faire perdre du temps...
Le douanier qui a toujours mon passeport en main me demande de le suivre.Il fait mine de m'emmener vers l'avion, puis, par une porte dérobée, me fait descendre des escaliers de service sinistres.Nous débouchons sur le tarmac, au pied de l'avion et marchons quelques dizaines de mètres.Je me retrouve face à une vingtaine de valises. Il me demande de lui désigner la mienne. Je regarde, elle n'y figure pas.Il me demande si je suis sûr, je vérifie, non, elle n'est pas là. Le douanier est extrêmement contrarié.Il réfléchit un moment puis me fait signe de le suivre.Nous allons vers un gros container que les bagagistes s'affairent à fermer hermétiquement Il leur demande de tout rouvrir, puis de ressortir chaque bagage jusqu'à ce que j'aperçoive ma valise. Les bagagistes obtempèrent sans sourciller. Après qu'ils ont vidé la moitié du container, ma valise apparaît.
Il la saisit, attend qu'un chien détecteur de produits soit passé à côté sans y prêter aucun intérêt et se dirige vers un comptoir, pose ma valise, l'ouvre et commence à la fouiller méthodiquement. Je le regarde et souris en coin lorsqu'il plonge à pleines mains et plein nez dans mon gros sac de linge sale, riche de 10 jours de tournée...Cet abruti s'y reprend à plusieurs fois. A croire que ça lui plaît.Je fais un peu moins le malin lorsqu'il ausculte circonspect mon petit compresseur. Après avoir savamment tourné tous les boutons de long en large (et massacré au passage mes réglages subtils), il se résigne, refait ma valise avec soin, me rend ENFIN mon passeport, me désigne un endroit sur le tarmac, me demande d'y rester et s'en va.
Je me retrouve en compagnie de 2 autres victimes du zèle policier local.Nous attendons encore plusieurs minutes puis un collègue vient nous chercher. Nous le suivons.
Malheureusement nous n'allons pas du tout dans la direction de l'avion. L'inquiétude m'envahit à nouveau. Nous franchissons escaliers corridors et dédales interminables pour nous retrouver à nouveau devant un contrôle de bagages à main.Personne ne m'attend cette fois-ci à la sortie du contrôle.Je me rends alors à la porte 6, où l'embarquement n'a d'ailleurs même pas commencé !!!Je n'y comprends rien.Je m'installe sur un fauteuil.Je revois mon douanier qui a encore le regard sur moi depuis le coin du hall.Je réalise que je ne serai tranquille qu'une fois dans l'avion.Je sors mon Iphone et commence à rédiger mes aventures. En ce moment je survole les Antilles, confortablement installé dans le plus confortable fauteuil d'avion qu'il m'ait été donné de fréquenter. Je viens de le programmer pour me faire un massage du dos, très relaxant je dois dire. Je crois que je l'ai bien mérité.Je vais profiter de cette petite merveille pour m'allonger complètement et faire un petit somme.
A bientôt

Benoît CORBOZ

jeudi 25 septembre 2008

Amerique du Sud

23 septembre, Guayaquil
Dans le parc qui jouxte l'hôtel, se prélassent des iguanes. Ils n'ont pas l'air perturbé par la ville. Ils trimbalent leurs millions d’années de vécu d’un pas désinvolte, comme s’ils s'apprêtaient à chasser ou à être chassés. Je sympathise rapidement avec l'un d'eux. Son nom est Paul, sa coiffure me rappelle vaguement les derniers punks que j'ai rencontré à Camdown Town lors le notre dernier concert à Londres.

24 Septembre 8h00
Paul, mon ami l'iguane a dormi au pied du lit. Non pas que je lui manque de respect, mais je n'arrivais pas à me concentrer sur mon livre et il avait tendance à défaire le lit avec ses pattes. J'avoue qu'il est un très bon compagnon. Ce matin, il est descendu me chercher un thé et quelques gâteaux dans la salle du petit déjeuner.

23h00.
Nous dormons à 3500 m, face au majestueux volcan le Cotopaxi qui culmine à 5800m. Laurent mon agent, et excellent tour manager, a eu la bonne idée de nous proposer cette balade et de loger dans un refuge où il avait séjourné l'an passé. J'ai donc pris une chambre double à Quito avec baignoire et j'ai laisse mon ami,
Paul l'Iguane, seul pendant 24h. J'espère que le personnel de l'hôtel lui vouera tout le respect que j'ai pour lui.La voûte céleste est magnifique. Nous touchons la voie lactée. Je dors malheureusement très mal, malgré le silence olympien de mes compagnons de chambre. L'altitude me donne un mal de tête que je réussi à combattre tant bien que mal, et puis je m'inquiète pour Paul.

25 Septembre 5HOO
Nous sortons du refuge avec Marc, afin de profiter de l'aube. Seuls les coqs s'agitent à cette heure ci. Le volcan se dresse tel un dieu mystérieux et majestueux. Le soleil éclaire les hauts plateaux. Les chevaux, les vaches, les lamas se réveillent.En fin de matinée, nous redescendons en ville, debout à l'arrière d'un pick up. Marc, Laurent et moi-même profitons de ces instants de magie. Paul l'iguane m'accueille à bras ou plutôt à pattes ouvertes dirais-je. Nous allons nous sustenter dans un restaurant proche de l'hôtel. Je rappelle mon ami à l'ordre, il se promène, accroché au plafond de la salle de restaurant et cela attire les regards.

20h30 Quenca
Le théâtre est bondé. Le groupe joue merveilleusement bien. Le public joue merveilleusement bien. La magie du jeu des miroirs nous enveloppe et nous vivons une soirée exceptionnelle.Nous jouons dans le théâtre de la ville. Sa blancheur n'a d'égal que la bêtise d'un fonctionnaire qui n'a de cesse de parler dans son talkie walkie durant tout le concert. Le public est magnifique et nous donnons ce que nous recevons.Pour le rappel, Paul et Laurent tentent de stopper le fonctionnaire qui souhaite allumer la salle afin de rentrer plus vite chez lui. Tentative réussie si ce n'est qu'il allume la salle après le premier titre du rappel ! A la sortie de scène, Marcello lui fait avaler son talkie walkie. A présent nous devons appeler les urgences ...


26 septembre Guayaquil
La route qui relie Quenca à Guayaquil est escarpée. Nous passons un col à 4000m. Le paysage est encore somptueux. De retour à Guayaquil, nous décidons de concert, avec Paul l'iguane, de nous séparer. Je le raccompagne au parc où il rejoint ses comparses qui débutent la nuit allongés sur les branches d'un arbre exotique. Nous sommes un peu tristes mais que ferait-il dans ce monde étriqué que nous prépare la droite européenne.Je quitte le parc et m'enfonce dans la moiteur de cette dernière nuit passée en Equateur.

dimanche 14 septembre 2008

Bogota et Medelin

10 septembre

Le voyage fut assez court, 11 heures ! J'aime m'installer dans ces longueurs: lire, écrire, réfléchir. Je vis les transports comme des lieux de éditation, lorsque mon corps ne me rappelle pas l'absurdité d'être pendu dans le ciel dans un morceau de métal.
L'arrivée à Bogota est nuageuse. La ville se perd dans ses collines. Le soir nous transportons notre décalage dans la vieille ville, charmante malgré le froid saisissant. Quelques regards trahissent une consommation de farine qui est somme toute assez éloignée de celle que l'on utilise pour la pâtisserie.
Laurent et moi rejoignons rapidement le reste du band. Nous avons la conscience que notre vie dans ces rues est assez relative. Ceci dit, j'ai eu le même sentiment en arpentant les couloirs du métro parisien après minuit dans le quartier des Halles il y a quelques jours. Remercions l'insécurité qui nous permet de mesurer notre petitesse dans ce vaste monde.
Une chanteuse Française nous invite à dîner dans un club de Jazz. Un merveilleux mélange de drum and bass, free et chant blues réunit les musiciens. Joyeux bordel.
Le lieu est bruyant, enfumé, mais les gens qui nous accueillent dégagent une telle humanité que c'est un bonheur de se faire fumer tel un morceau de lard que l'on préparerait pour le saloir à l'entrée de l'hiver dans la campagne française il y a 50 ans.
Je me couche après quelques lignes de Dumas.

11 Septembre, Bogota

Le public est ravi. La sono déconne complètement. Je joue dans un espace ou je peux éviter d'entendre mes retours de scène, qui craquent, grésillent...Je suis surpris, le théâtre est plein et nous recevons une standing ovation de 1000 personnes...

12 septembre

Je me demande ce qui pousse l'esthétique militaire a mettre des tenues de camouflage en pleine ville. Je leur conseillerais du gris, voir du rouge lorsque les maisons sont en brique.
Je me demande d'ailleurs ce qu'ils font tous là, accrochés à leur mitraillette tels des enfants dans une cour de récréation qui auraient mal tourné.
Les filles, elles sont dans des habits si moulant que je crains une explosion de tissus, certaines sont charmantes, d'autre nous font découvrir leurs défauts au travers d'une mode inventée pour les mannequins...
La nature est belle, elle me fait penser aux peintures du Douanier Rousseau, explosion de verts et de lumière. Nous survolons actuellement une des trois cordillères qui traversent la Colombie. Je rêve d'habiter danss une de ces fermettes et de m'occuper de ma plantation de café, bien sûr...

13 Septembre Medelin

Je suis étonné, voir effrayé, lorsque j'entends que l'on essaie de forcer ma porte dans la nuit. La petite ville de Manizales m'inspirait confiance, l'hôtel aussi d'ailleurs.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai croisé au petit matin Marc dans l'ascenseur et qu'il m'a demandé si j'avais vu moi aussi les miroirs de la chambre bouger.
Marcello me confirme que nous avons vécu un tremblement de terre de force 5,2.
La nuit porte conseil.
La ville est tapie dans une cuvette. La nature est splendide, riche. Je pense n'avoir jamais rencontré une telle diversité de plantes.
Ici, c'est la silicone vallée. Une jeune femme sur deux se fait refaire les seins, et la chirurgie esthétique bat son plein. Les seigneurs de la drogue sont disséminés en centaines de petits gangs. Malgré ceci la ville affiche un visage très optimiste .
Nous vivons un concert merveilleux. Le public colombien connaît notre musique et le groupe joue de mieux en mieux.

mardi 9 septembre 2008

Concert avec Pierre Henry

9 septembre 2008, Pierre Henry / Erik Truffaz

La journée est assez avancée lorsque nous arrivons dans la salle de la cité de la musique de la Villette à Paris.
Pierre peaufine le son, absorbé par les boutons de sa table de mixage. J'ose murmurer quelques mots à Bernadette son assistante. Un homme en prend ombrage et je bas en retraite sur scène afin de monter mon matériel. Assisté par Laurent, compagnon et fidèle mousquetaire d'Amg.
Nous jouons une oeuvre emblématique du répertoire de Pierre Henry.
Concerto pour portes et soupirs, créée en 1962 pour Maurice Béjart et son pas de 2, Maurice Béjart qui finalement improvisera dessus.
Je connais cette oeuvre pour l'avoir écoutée adolescent entre Pink Floyd, Kraftwerk et Klaus Schulze.
Les portes grincent, s'étirent, se combattent tour à tour. Je me glisse à l'intérieur du son et dialogue. Pierre trouve mon son trop dur. Etienne, l'ingénieur, ajoute un compresseur. Le résultat est satisfaisant.

10 septembre 2008 14h
J'écoute la fluidité d'un larsen, extrait de Voyage de Pierre Henry. La pièce est dure à jouer. Il aimerait en faire un rappel. Je ne suis pas partant et je lui propose, Psyche Rock, extrait de messe pour le temps présent. Pierre n'est pas très enthousiaste voir vraiment opposé. Nous décidons d'aborder Divinité paisible, pièce extrait de Voyage, composition de 1963.
20h15,
Le maître entre dans la salle et déclenche des salves d'applaudissements, je monte sur scène prêt à plonger dans cet univers que je triture depuis des mois.
La lumière de la salle reste allumée. Je suis là, face à mille personnes, essayant de trouver mon centre de gravité afin de ne pas perdre ma concentration.
Enfin le technicien a réussi à trouver le bon bouton ...
Je suis attentivement ma partition. Je joue de concert avec les portes, les cloches. Pur bonheur...
Nous terminons avec Divinité paisible, une pièce qui induit un peu de concept modal...
Le concert est déjà fini. Il est temps de préparer les valises pour Bogota.

LES PHOTOS DE L'ENREGISTREMENT